Dossier Relève: une question de volonté!

Par Errold Mayrand, directeur général au CAE Drummond

À titre de partenaire financier, nous avons, avec le temps, participé à plusieurs transactions de rachat et de vente d’entreprise. Et nous avons vécu différents scénarios, tel l’entreprise qui connaît une forte expansion, ou celle qui en arrive à la fermeture. Mais quel que soit le résultat final, le facteur déterminant dans ce genre de transaction est la compétence de l’acquéreur (ou son incompétence). Nous avons toujours cru qu’il n’y a jamais de mauvais marché, de mauvais produit, de mauvais cycle économique, seulement de mauvais gestionnaires. Les meilleurs réussissent toujours à trouver de nouveaux marchés, à innover, à accroître leur productivité, à se sortir du pétrin. Nous qualifions ces gens d’entrepreneurs.

Trois types de transaction pour le transfert d’une entreprise

Au niveau du transfert d’entreprise, nous reconnaissons trois types de transaction :

  • Transfert d’entreprise au sein de la famille
  • Rachat de l’entreprise par la direction
  • Vente d’entreprise à des tiers

Pour chacun de ces cas, les démarches sont évidemment fort différentes.

Transfert d’entreprise au sein de la famille

Dans le cas d’un transfert d’entreprise au sein de la famille, la pratique nous démontre que les principaux critères de succès résident sur deux éléments :

  • Avoir des enfants qui désirent travailler et s’investir au sein de la société
  • Avoir la ferme volonté du propriétaire d’en faire une démarche structurée

À partir du moment où le propriétaire de l’entreprise en fait un enjeu prioritaire, il engagera les ressources humaines et financières nécessaires pour réussir la transition. De façon générale, nous recommandons au propriétaire de retenir les services de consultants externes spécialisés dans le domaine, car ces démarches sont empreintes de beaucoup d’émotions et sont souvent source de conflits familiaux. Le recours à une ressource externe permet au propriétaire de la société de prendre du recul dans sa démarche.
Dans un premier temps, il est important d’identifier la fille ou le fils qui aurait intérêt à prendre les rênes de l’entreprise. Ainsi, on peut orienter cette personne vers des formations (baccalauréat en administration, comptabilité, technique, ingénierie, etc…) qui lui procureront des compétences qui lui serviront à titre de nouveau propriétaire. Il faut aussi, en cours de route, s’assurer que la personne pressentie ait toujours le désir, les compétences et l’attitude pour poursuivre. De plus, il est important de s’assurer que le fils ou la fille ait des compétences entrepreneuriales. Cette dernière caractéristique permet d’assurer la continuité de l’entreprise. Un bon entrepreneur se définit par la capacité à flairer les opportunités et à prendre les meilleures décisions dans les situations les plus tendues.

Rachat de l’entreprise par la direction

Si la relève ne provient pas de la famille, elle peut par contre provenir des gens qui travaillent au sein de l’entreprise ; on parle ici de MBO (« management buy out »). Ce sont des gens qui occupaient des postes clé dans l’entreprise, soit comme représentant, directeur de production, contrôleur, etc… En général, cette ou ces personnes travaillent au sein de la compagnie depuis plusieurs années et ils ont une bonne connaissance de la gestion quotidienne des affaires. Tout comme la relève familiale, le succès de ce type de transaction repose sur l’assurance que le ou les acquéreurs ont des compétences entrepreneuriales. On peut retrouver, au sein de la compagnie, des personnes très douées au niveau technique (ingénierie, comptable, bachelier, etc…), mais ne possédant pas nécessairement l’attitude entrepreneuriale.

Vente d’entreprise à des tiers

La vente de l’entreprise à un tiers est évidemment une approche différente des deux premières. Il peut y avoir une approche plus passive, c’est-à-dire en informant son réseau social immédiat (comptable, notaire, avocat, banquier, etc…), ou une approche plus proactive, comme en communiquant directement avec des partenaires stratégiques ou des compétiteurs, ou en s’inscrivant sur des sites spécialisés tels que «Acquizition Biz», par exemple. Dans cette approche, l’aspect confidentialité est un des enjeux importants. Le propriétaire doit être prêt à dévoiler de l’information financière et stratégique sur l’entreprise. Il est aussi important, dans ce contexte, d’avoir recours à des professionnels (comptable, notaire ou avocats) afin de préserver la confidentialité des informations.